De la publication...

Publié le par David Branger

Sur les forums où l’on parle écriture, il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui veulent absolument écrire un roman sans savoir ce que c’est. Ces personnes qui ne savent pas aligner deux mots sans faire trois fautes d’orthographe et qui viennent tout de même, par la suite, vous demander conseil pour se faire éditer.

 

A ceux-là je dirai – méchamment, je l’avoue – qu’avant toute chose il faut savoir écrire.

Je m’adresse donc aux autres écrivains en herbe, ceux qui ont la passion des mots, ceux qui ont le talent et qui ne reculent pas devant le chantier monumental que peut représenter l’écriture. Car aligner les mots sur le papier, tout le monde sait le faire. Mais y mettre toute sa hargne, toutes ses tripes, toute sa personne sans avoir peur des pages, c’est autre chose.

Si l’on vous propose un exercice de style et que vous êtes découragé si un concurrent a fait deux misérables pages, abandonnez tout de suite l’idée de vouloir écrire. Certes, il n’y a pas de règles établies sur le nombre de pages que doit contenir un roman. Mais il faut reconnaître que 30 pages, ça reste limite.

 

Quand vous aurez terminé, quand vous aurez sué sang et eau pour pondre votre œuvre, bien entendu que vous aurez l’irrésistible envie de la publier. Si vous ne l’avez pas, peut-être que quelqu’un l’aura pour vous et cette personne vous bassinera tellement que, pour avoir un semblant de paix, vous accepterez de tenter l’aventure.

Mais sachez qu’il est plus facile d’écrire un livre que de préparer sa vente !

 

C’est donc là que le parcours du combattant commence. Car pour proposer un manuscrit (un tapuscrit serait plus exact), il vaut mieux éviter de l’envoyer plein de fautes, de répétitions, d’incohérences et j’en passe.

Donc… il faut relire. Relire. Et relire encore. Dites-vous bien que vous n’accepterez pas qu’il y ait des fautes dans le bouquin que vous venez d’acheter alors évitez de présenter un brouillon. Ce ne serait respectueux ni envers la personne qui est susceptible de vous lire ni envers vous-même.

 

On en arrive ainsi peu à peu à ce qui fait débat (alors qu’il ne devrait pas il y en avoir) et qui me met souvent hors de moi (quoique je m’assagie).

Quand vous venez demander des conseils et que l’on vous dit qu’un écrivain n’a pas à payer pour se faire publier, écouter un tant soit peu ce qu’on vous dit.

Si vous êtes si impatient pour vous faire publier, laissez tomber.

Bernard Werber explique dans ses conseils aux écrivains en herbe (que je recommande de lire ici) qu’il faut trois choses pour écrire : le talent, le travail et la chance mais que deux suffisent.

Je ne sais pas s’il est possible de se rendre compte que l’on a tout ça. Quoi qu’encore, la chance, si, on peut s’en rendre compte. Mais comment évaluer le talent et le travail ?

Je dis qu’il n’y pas plus mal placé que l’écrivain pour juger de son propre travail. C’est pour ça que si des personnes de votre entourage viennent vous dire que vous êtes doué, écoutez-les, surtout s’il ne s’agit ni de la famille ni des amis très proches.

A partir de là, votre bouquin peut parfaitement passer par la case « publication » et c’est ici précisément qu’il vaut mieux être patient et ne pas faire n’importe quoi.

 

Il y a deux écoles : le compte d’éditeur et le compte d’auteur. Il faut savoir que l’un comme l’autre proposent la diffusion mais que si le premier n’est pas toujours à la hauteur, le second ne fait quasiment rien à part encaisser votre fric.

La grande différence entre le compte éditeur et le compte auteur donc, c’est que pour se faire éditer par ce dernier, vous allez devoir signer un chèque d’environ 2000€. Vous aurez quoi pour ça ? Un carton de bouquins tout juste bons à refourguer à votre famille et vos amis.

 

Si vous avez du talent, votre bouquin mérite mieux comme traitement ! Alors cherchez une maison d’édition traditionnelle. Ne tapez pas aux portes des plus grands, pas tout de suite, commencez petit. Mais de grâce ne venez pas demander conseils pour ensuite aller dire fièrement « je suis publié et j’ai payé 2000€ pour ça ! »

J’ai décidé de ne plus répondre à ces gens qui sont pressés de voir leur livre publié et qui n’écoutent pas quand on dit qu’il ne faut pas signer avec ce genre de maisons à compte d’auteur. Si vous n’avez pas compris la somme de travail que représente l’écriture d’un livre alors bon courage ! C’est que vous n’avez pas compris la réelle valeur d’un livre et je vous plains.

 

Aux autres, courage ! Ce n’est pas parce que votre livre est refusé par une maison d’édition traditionnelle qu’il ne vaut rien. Bien souvent, c’est une lettre type que vous recevez. Alors toujours d’après Bernard Werber, il faut chercher à savoir pourquoi il a été refusé et corriger le tir.

Mais ne tombez pas dans le piège tendu par cet aspect démoralisant qui vous jettera dans les bras d’une maison d’édition à compte d’auteur. On palpera votre blé pour du vent et rien que du vent.

Si vous avez du talent, on vous paiera pour ça et non l’inverse.

 

Certains doivent penser que ce n’est pas si mal d’être à compte d’auteur, tant mieux pour eux. Mais pour moi, le compte d’auteur c’est se lever tous les jours à 5h pour aller faire ses 8h à l’usine pour qu’à la fin du mois on aille voir le patron, lui signer un chèque de 2000€ pour toucher 10€ de salaire et avoir le droit de revenir le mois suivant.

 

Ne signez pas à compte d’auteur !

Publié dans News

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O
<br /> Tu parles des écrivains, mais les chercheurs qui veulent protéger leurs écrits?<br /> Ils leur faut bien un ISBN. Et le compte d'auteur dans ce cas est peut-être un moindre mal.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Poètes, romanciers, chercheurs, le résultat est le même. S'il y a quelque chose à publier, que ce soit un roman, une nouvelle, un poême, un essai ou que sais-je encore, il a toujours un éditeur<br /> classique pour cela. Le compte d'auteur profite de l'impatience des auteurs à voir leur travail publié pour s'en mettre plein les poches mais à côté de ça, il n'y a rien. L'oeuvre est condamnée<br /> avant même qu'elle ne soit sortie...<br /> <br /> <br />
N
<br /> Ah! J'adore cet article tellement... Vrai! Vos paroles rejoignent les miennes et cela me donne du baume au coeur de voir que les passionnés sont encore de ce monde!<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Cela fait tout autant plaisir de voir que certains peuvent réagir. Je me bats pour faire savoir à ceux qui ont du talent, qui ont une plume, qu'il faut éviter ces comptes d'auteur mais rien à<br /> faire. C'est plus pour faire joli et impressionner que pour le réel amour du livre et cette façon magique de partager des histoires.<br /> <br /> <br />