"Sac d'Os"

Publié le par David Branger

Je vais aujourd’hui commencer à vous parler de mes lectures. Ne vous étonnez pas de voir 90% des titres tout droit sortis du catalogue de Stephen King : pendant longtemps je n’ai pu lire que cela. Seul Diderot avec Jacques le fataliste et son maître a su me faire décrocher, le temps de cette incartade philosophique.

 

Mon premier livre de King a été Christine. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais découvert le film de John Carpenter un jeudi soir et deux jours plus tard, j’étais dans les rayons d’un hypermarché pour trouver le livre dont le long métrage était tiré. Je ne connaissais de Stephen King que ce que Carpenter m’en avait montré.

Evidemment, c’est un tout autre oiseau que j’ai découvert au fil des pages. Je me suis senti transporté au point de commencer à me procurer tous les bouquins que je pouvais trouver de cet auteur, apprenant à le connaître, à le reconnaître, à apprécier cette littérature que l’on a longtemps considéré comme de la mauvaise littérature de gare. Je cherche encore l’erreur !

 

Je ne vais sûrement pas traiter de tous les bouquins de King que j’ai pu lire. Seulement de quelques uns et le premier d’entre eux est loin d’avoir été écrit au début de la carrière de King. Il est, à mon sens, le chef d’œuvre ultime de l’auteur. Il s’agit de Sac d’Os.

 

Le bouquin est divisé en quatre parties. Dans la première, King expose le trauma qui survient à la perte d’une personne chère. Tout y est détaillé : l’angoisse, le refus, la peur, le sentiment de ne plus être grand-chose, le monde qui s’écroule tout autour de soi... Je lisais ce livre à l’époque où j’avais perdu mon père. C’est dire à quel point j’étais sensible à cette partie.

 

La seconde se concentre sur l’angoisse de la page blanche. A ce niveau là, je n’écrivais pas encore ; je ne connaissais pas cette angoisse. Mais là où King fait fort, c’est de nous transmettre son savoir et son expérience de la manière la plus simple et la plus efficace qui soit. Non seulement on comprend mais en plus on vit avec le personnage et son angoisse.

 

La troisième partie, et la plus longue, est des plus étranges. Hormis quelques incursions dans le doute, la peur ou l’inconnu, tout se déroule à merveille, comme dans un conte de fée. Pas un grain de sable, pas une ombre menaçante au tableau. C’est simple, ça ne ressemble pas à King de donner dans le cocon chaleureux où on se sent en sécurité. C’est à la fois plaisant et perturbant.

 

On comprend ce qu’il avait en tête à la dernière partie où pendant une centaine de pages, on va en prendre plein la tronche. Acculé, impuissant, on assiste à la déchéance d’un tout. Les ténèbres avancent inexorablement et nous engloutissent jusqu’à la dernière page.

 

J’ai toujours trouvé Stephen King passionnant avec ses idées délirantes qui sont en fait les métaphores des sujets quotidiens plus difficiles à appréhender. Hormis quelques titres (ils sont rares vu l’ampleur de la bibliothèque !), je plongeais dans ces descentes aux enfer avec plaisir (peut-être pour me dire que ma vie à moi n’était pas si mauvais que cela en fin de compte !). Avec Sac d’Os, j’étais un cran au dessus. C’était une joie infinie de pouvoir ouvrir le bouquin et un regret de devoir le quitter. J’ai littéralement dévoré cette histoire. Cette façon de faire vivre au lecteur chaque instant et de le trimbaler comme ça de l’angoisse à la peur en faisant un détour par cette chaleur sécurisante et revenir dans la déchéance la plus absolue est un réel tour de force.

Cette fois-ci, il ne fait pas que nous prendre par la main afin qu’on le suive dans son délire, il nous y pousse sans nous donner la moindre chance de nous échapper.

 

C’est du moins ce que j’ai ressenti en le lisant. Maintenant, comme pour tout art : tous les goûts sont dans la nature.

 

A vous d’en faire l’expérience…

Publié dans Bibliothèque

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
<br /> Ce livre est un excellent choix. Je ne saurais dire quel livre de SK je préfère. J'ai toujours beaucoup aimé Ca.<br /> Mais il est vrai que Sac d'os doit être le deuxième que je lis le plus souvent.<br /> Pour toutes les raisons que vous avez dites, et certainement d'autres encore.<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> Pour ma part, il serait plus facile de dire quel(s) livre(s) de Stephen King je n'ai pas aimé; mais sur tout ce qui est sorti en France, ils sont peu nombreux.<br /> <br /> <br />