Requiem 1ère partie.

Publié le par David Branger

RequiemVoici la première nouvelle envisagée sur le requiem de David Champclos. Après mûres réflexions, je la trouvais assez plate, sans véritable consistance. Juste une histoire racontée comme ça ; l’ironie du sort tient dans le fait que c’est moi-même qui me suis dicté cette conduite : on raconte, on ne rentre pas dans les détails ni dans la psychologie que peut cacher chaque événement. Ce sont des semaines de travail mis de côté mais il faut savoir se faire violence pour le bien du projet et uniquement pour lui.

 

Over-Blog semble avoir du mal avec des textes de plus de 130 000 caractères. Dans ce cas, je sais publier cette nouvelle en deux parties.

 

 

 

Requiem

 

 

La nuit était tombée depuis une bonne heure. Malgré la chaleur de l’été durant la journée, les nuits étaient assez fraîches. Eric profitait de cet instant pour vadrouiller un peu. Il flânait. Cela lui évitait de tourner en rond chez lui. Il n’arrivait plus à supporter ces moments où il se retrouvait seul, face à lui-même, assailli par tant de souvenirs qui n’étaient, en définitive, que des couteaux dans le dos.

Au moins, en sortant, il espérait oublier tous ces maux. Il oubliait aussi qu’ils étaient toujours là, à attendre patiemment son retour. Combien de fois il se forçait à ne pas s’endormir pour éviter d’être submergé par les cauchemars qui n’en finissaient plus ? Il refaisait sans arrêt les mêmes et savait que ce n’était jamais bon signe. Un cauchemar était censé être comme la foudre qui ne tombait jamais deux fois au même endroit. Alors si un cauchemar devenait récurent, c’est qu’il y avait forcément quelque chose qui n’allait pas.

Pourquoi le passé devait-il sans cesse revenir à la charge ? Pourquoi revenait-il toujours quand il pensait l’avoir semé ?

A force, il se disait que c’était une mise à l’épreuve, tout simplement ; et que le jour où il ne souffrirait plus de tout cela, ça voudrait dire qu’il en était définitivement débarrassé.

Ce n’était pas encore le cas, loin de là. Pour le moment, il était sur le parking du supermarché, à attendre que la gamine devant lui ait rendu son film au distributeur automatique.

Elle devait avoir 15 ou 16 ans, Eric n’aurait su le dire en fait. Elle était blonde, mince et le corps finement dessiné. Eric la regardait de loin, des pensées inavouables traversaient son esprit. Elle était jeune et aurait pu être sa sœur mais il aurait aimé faire connaissance avec elle. Pensées bien sombres qu’il ne chercha pas plus que cela à chasser. Ce petit short en jeans moulant aurait pu faire craquer n’importe quel homme. Et cette pensée non plus ne le dérangea pas.

Il s’avança vers elle. Il racla ses baskets sur le bitume pour bien faire entendre qu’il y avait quelqu’un, histoire de ne pas lui faire peur. Mélissa se retourna brusquement, surprise malgré les précautions prises par Eric. Quand elle le vit, elle lui sourit aimablement.

– Ah, vous m’avez fait peur ! dit-elle.

– Désolé, ce n’était pas mon intention, répondit Eric.

– Vous connaissez Twilight ? demanda-t-elle alors comme si rien ne s’était passé, reposant les yeux sur l’écran de la machine.

– Oui. Enfin, la première demi-heure seulement.

– Ah ! C’est si mauvais que cela ?

– Ils nous prennent pour des débiles mentaux dans ce film ! C’est du moins ce que j’ai ressenti.

– Je n’ai pas lu les livres, ajouta-t-elle, pensive. Je suis sûre que c’est meilleur.

– Sûrement.

Eric entendit du bruit un peu plus loin et il se retourna pour voir d’où ça venait. Une bande de quatre jeunes, un peu éméchés, sortaient de la pizzeria et venaient se poser contre le grillage qui délimitait le parking. Un des jeunes tapait sur l’épaule de son pote et montrait Mélissa du doigt. De grands éclats de rires retentirent alors, suivis de quelques sifflets quasiment inaudibles.

Eric se tourna de nouveau vers Mélissa.

– Tu es seule ? demanda Eric.

– Oui, répondit Mélissa sans quitter des yeux son écran. J’habite à côté, un peu plus loin sur la nationale.

– Je vais te raccompagner, alors.

Mélissa marqua une pause et se tourna vers Eric, sans se départir de son sourire d’ange.

– Oh, merci, c’est gentil mais ça ira.

Eric fit non de la tête ; un mouvement imperceptible de loin.

– Tu vois les types derrière moi, contre le grillage de la pizzeria ?

Mélissa jeta vite fait un coup d’œil et acquiesça.

– Ils ne sont pas clairs, vois-tu, continua Eric. Alors, je serai plus tranquille en te raccompagnant.

Mélissa regarda de nouveau la bande des quatre jeunes qui s’esclaffaient et faisaient des gestes obscènes et conclut qu’Eric avait probablement raison.

Elle se dépêcha de prendre son film…

Une comédie à la con avec Hugh Grant, pensa Eric.

… et prit place dans la voiture de son chauffeur d’un soir.

Personne ne la revit vivante.

 

André Tourier était concierge dans l’immeuble qui jouxtait le centre commercial. Tous les matins, il faisait le tour de ses bâtiments, s’assurant que tout était bien en place, que les poubelles n’avaient pas été renversées la veille et que rien n’avait été dégradé par les gamins.

Il lui arrivait de tomber sur le cadavre d’un pigeon ou d’un rat, à l’occasion. Ce n’était jamais très agréable pour lui mais la nature était ainsi faite. Les chats devaient se faire écraser par les chauffards, les pigeons étaient dégommés à coup de lance-pierre et les rats à coup de carabine. Valait mieux que se soit un chat plutôt qu’un gamin ou une gamine, se disait-il pour se réconforter.

Ce matin-là, il trouva un chat, le crâne en bouillie entre la balançoire et la cage à poule. Il y avait une grosse pierre à côté de lui. André la souleva et constata qu’elle était maculée de sang, d’éclats d’os et probablement un peu du cerveau de la pauvre bête. Il resta là, accroupi. Il avait peut-être l’air de regarder le corps massacré de cette pauvre bête et se délecter de tant de sauvagerie mais bien au contraire, il se demandait qui pouvait être aussi sauvage pour faire une chose pareille. Un chat ne se laisse pas aussi facilement attraper, surtout quand il ne connaît pas. Ce devait donc être le chat d’un locataire qu’on avait torturé ainsi.

Il chercha autour de lui s’il ne trouvait pas un plastique quelconque pour ramasser la bestiole. Les enfants étaient en vacances, ils n’allaient pas envahir le square tout de suite mais il devait quand même faire vite.

Il dut aller à sa cave pourtant et revenir avec un sac. Il mit la pauvre bête dedans ainsi que la pierre. Il ne voulait pas l’enterrer : ça aurait rameuté tous les charognards et l’odeur aurait été insupportable si quelque chien avait eu l’idée de déterrer les cadavres. Valait mieux éviter que les gamins ne tombent là-dessus. Alors il voulut mettre son sac dans une poubelle, tout simplement. Et si on venait lui demander un jour s’il n’avait pas vu un chat tigré ressemblant à celui qu’il avait mis dans ce sac, il mentirait, pour éviter de rentrer dans des détails sordides.

Il souleva le couvercle du container qu’il avait sorti la veille. Il déposa le sac dedans, délicatement et quand il voulut refermer, ses yeux se posèrent sur quelque chose qu’il ne reconnut pas tout de suite. Puis son cerveau lui envoya l’analyse qu’il avait faite, alors que le monde semblait s’arrêter tout à coup.

C’était bien une main qu’il voyait. Machinalement, il la prit pour tirer un peu dessus, pensant que cette main disloquée d’un pantin allait lui rester entre les doigts. Au lieu de ça, il sentit bien le contact de la peau et le froid qu’elle dégageait. Il retira son bras de la poubelle et lâcha le couvercle, reculant d’un pas incertain, maladroit, manquant de perdre l’équilibre à cause d’un vulgaire caillou. Il regardait ce container, tremblant, ne sachant que faire, que penser, que dire.

 

L’inspecteur Maitrias arriva rapidement sur les lieux où un attroupement s’était déjà formé autour du container.

Sur le sol, un drap recouvrait un corps. Une légère brise le faisait frémir. On aurait presque pu penser que la personne en dessous était encore vivante.

– Faites évacuer les lieux, dit-il froidement à un agent tout proche.

Ce dernier s’exécuta et la foule fut renvoyée aux quatre coins du quartier. Les messes basses poursuivaient Maitrias alors qu’il se dirigeait vers André Tourier, retenu à l’écart et questionné.

– Inspecteur Maitrias, c’est vous qui avait trouvé le corps ? demanda l’inspecteur en serrant la main de Tourier.

– Oui, c’est moi. C’est pas rien de trouver le corps d’une gamine de si bonne heure. Au début je croyais que c’était la main d’un pantin, d’une poupée… mais quand j’ai touché…

– Vous avez touché le corps ? interrompit Maitrias pensant que les témoins de ce genre de crimes étaient de parfait idiots qui ne savaient pas tenir leurs mains de leurs poches !

– Oui… Pourquoi ? C’est important ?

– C’est important de le savoir oui, pour pas qu’on ait à venir vous chercher pour vous inculper de meurtre.

Tourier paru offusqué par cette remarque mais Maitrias s’en fichait. Il se dirigeait déjà vers le corps pour soulever le drap.

Une jeune fille d’à peu près 16 ans, 18, tout au plus. Elle était entièrement nue et Maitrias nota déjà quelques coupures sur le dos, les jambes et les bras. Il y avait une blessure à la tête, à l’arrière du crâne. Il reposa le drap sur le corps et alla vers le premier agent qui était en faction un peu plus loin.

– On sait quoi au juste ? demanda-t-il, ne sachant pas si l’agent pouvait lui répondre.

– Le concierge l’a trouvé dans ce container alors qu’il voulait y jeter un chat crevé. On a fouillé les autres poubelles et on a trouvé des vêtements tâchés de sang et déchirés. Il semblerait que se soit les vêtements de la victime.

– Les parents ont été prévenus ?

– Encore faudrait-il savoir qui ils sont. On n’a rien retrouvé pour identifier cette fille. Pas de portefeuille, pas d’étiquette sur les vêtements, rien. Juste une carte de location vidéo dans la poche arrière du short.

– Retrouvez le vidéo club d’où est partie cette carte et vérifiez si on ne nous a pas signalé une disparition récemment. Où est le médecin ?

– Il arrive, répondit l’agent en hochant la tête.

L’inspecteur se retourna et vit qu’effectivement le médecin légiste arrivait sur place. Il se pencha directement sur la victime et procéda à ses examens. Maitrias le rejoignit. Il resta tout de même à l’écart pour laisser de l’espace au légiste. Il le connaissait et ce médecin n’aimait pas que l’on vienne lui poser mille questions avant qu’il ait terminé ses examens préliminaires.

Cependant, Maitrias s’impatientait quelque peu. Il aurait aimé avoir les premières conclusions : des éléments importants lui permettraient de boucler cette sordide affaire au plus vite.

Le médecin prit son temps mais s’avança vers l’inspecteur quelques minutes plus tard. Il n’attendit pas qu’on lui pose la moindre question :

– Elle est morte d’un coup à la tête, dit-il. D’après la raideur cadavérique, ça remonte à 10 ou 12 heures, pas plus. Elle a des lacérations un peu partout sur le corps et des marques de brûlures de cigarettes.

– Violée ? demanda Maitrias sans ménagement.

– Je ne sais pas, l’autopsie en dira plus.

Deux hommes s’étaient approchés d’eux. Le service du coroner attendait l’aval du légiste et celui de l’inspecteur pour enlever le corps. Ces derniers hochèrent la tête et les deux hommes s’occupèrent du reste.

– Le rapport en milieu de semaine, dit le médecin en regardant sa montre. Là, je pars en week end.

Maitrias aurait aimé avoir ce rapport plus tôt mais il savait aussi que ce légiste était borné et qu’il était quasiment impossible de lui faire entendre raison. Il devait attendre quelques jours ; c’était ainsi. Alors il attendrait

 

En arrivant à son bureau le lundi matin, Maitrias trouva une pile de rapports à côté de son ordinateur. C’étaient les résultats de l’enquête qu’il avait demandée sur le cadavre retrouvé dans la poubelle trois jours plus tôt.

C’est rapide, pensa-t-il et il en était réjoui.

Il commença alors à lire les différents feuillets. Quand il eut terminé il put se faire une idée de l’affaire. La victime (dont il connaissait le nom désormais) était allée retirer un film au distributeur vidéo non loin de chez elle. Elle avait certainement dû faire une mauvaise rencontre. Rencontre qui l’a conduite dans un endroit probablement insalubre où on a dû la battre à mort et la violer. Il n’avait pas encore le rapport du légiste mais le viol était une évidence. Pour plusieurs raisons.

La première était qu’aucune autre disparition n’avait été signalée dans les mois, voire les années, précédents. Aucun cadavre mutilé de la sorte n’avait été retrouvé. Donc, on pouvait en déduire qu’il s’agissait là d’un acte isolé.

La seconde raison était les vêtements portés par la victime et trouvés dans une autre poubelle, non loin d’elle. Des vêtements plutôt aguichants, pensait Maitrias. Short en jeans serré et court, t-shirt avec décolleté en V, de quoi attirer l’attention.

La troisième était que le peu qu’il avait vu de cette jeune fille lui permettait de la faire entrer dans la catégorie « lolita excitante ». Ça suffisait pour flairer le viol.

La suite de sa lecture lui permit de faire un bond en avant et dresser un portrait psychologique de l’assassin. Mais tout ceci restait encore vague il n’avait pas vraiment de témoin direct de ce qui avait pu se passer.

Il en était là lorsque la providence frappa à son bureau. On y introduisit un homme assez âgé, un peu perdu, qui salua Maitrias d’une main tremblante.

– C’est… C’est à propos de la jeune fille, hésita-t-il.

Maitrias le laissa prendre son temps pour parler. Un témoin ? Peut-être même un coupable ? Chaque chose en son temps, il ne fallait pas juger comme ça.

– Elle s’appelait Mélissa, dit Maitrias. Vous savez quelque chose ?

– Je l’ai vue avec un homme, c’était vendredi soir. Elle était devant un distributeur de vidéo. Elle est montée dans la voiture de cet homme.

– Elle le connaissait ?

– Je ne sais pas.

– Vous savez qui est cet homme ?

– Non. Mais j’ai trouvé son comportement bizarre. Il la regardait bizarrement. Alors, j’ai relevé le numéro de sa plaque.

Maitrias n’en croyait pas ses oreilles. Il voulait boucler cette affaire au plus vite, histoire de ne pas alimenter les mauvais cancans sur la mort d’une jeune fille torturée et probablement violée ; histoire de ne pas voir d’émeute ou de manifestations qui pourraient mal tourner ; histoire d’avoir la paix. Pour une fois, il n’avait pas à fouiner, à se demander si on lui mentait ou non. Tout lui tombait tout cuit dans les bras. C’était du pain béni !

Il raccompagna le vieil homme à la porte de son bureau et le remercia encore une fois pour les renseignements qu’il lui avait donnés.

Aussitôt la porte refermée, il pianota sur son ordinateur. Le registre des immatriculations. Comme la chance lui souriait, il fallait en profiter et espérer que le propriétaire de la voiture ait pris une amende un jour pour un délit quelconque.

Dans la seconde qui suivit, Maitrias avait un nom, une adresse, un suspect. Il n’en faudrait pas beaucoup pour savoir s’il avait été la dernière personne à avoir vu Mélissa vivante. Tout cela s’annonçait bien.

 

– Eric Delanne ! hurla Maitrias en frappant à la porte. Police, ouvrez !

Il attendit quelques secondes, l’oreille presque collée à la porte. Il entendait que l’on bougeait de l’autre côté. Puis un bruit de clés dans la serrure. La porte s’ouvrit lentement.

Delanne n’opposa aucune résistance. C’était facile. Il avait ouvert et Maitrias sut tout de suite que le suspect savait pourquoi on venait le chercher. Sans faire d’histoire, Eric Delanne monta dans une voiture. Quelques minutes plus tard, il était dans le bureau de Maitrias, attendant de répondre aux questions qui lui seraient posées.

– Tu as rencontré cette fille, Mélissa, l’autre soir, on a un témoin, attaqua d’emblée Maitrias. Il dit qu’il t’a vu l’embarquer.

Eric ne répondit pas. Il resta silencieux tout en regardant par terre. Fuir le regard de son accusateur n’était pas très favorable et Maitrias s’en réjouissait : il tenait son homme, il fallait le faire avouer maintenant.

Durant des heures, les policiers se succédèrent dans le bureau. Ils posèrent tous les mêmes questions ou quasiment les mêmes. Des fois ça variait. Eric n’en pouvait plus. Il était tellement bombardé, pressé qu’il ne savait même plus pourquoi on l’interrogeait.

Connaissait-il Mélissa? Oui

L’avait-il emmenée dans sa voiture ? Non. Puis, oui.

Où l’avait-il laissée ? Près de chez elle.

Que s’était-il passé dans la voiture ? Ils avaient discuté ; ils ne s’étaient rien dit ; elle avait demandé à descendre ; il l’avait déposé devant chez elle…

Un gigantesque Q.C.M. où les flics n’avaient qu’à cocher la bonne réponse. Et le malaise d’Eric grandissait. Il voyait le visage d’ange de Mélissa, il se rapprochait de plus en plus alors que lui voulait le fuir. Mais où aller ? Où se réfugier ? Dans quel recoin de son esprit arriverait-il à trouver un peu de repos, un peu de calme ?

Et au bout d’une demi-douzaine d’heures comme ça, Eric n’en pouvait plus. Il craqua et avoua tout.

 

Mélissa Guillot était enterrée dans le cimetière de la commune qui la vit naître. Pas très loin de chez elle en somme. Le coupable de son calvaire avait été écroué peu de temps après la découverte du corps. L’affaire n’avait pas eu le temps de mettre le feu aux poudres et avait été rondement menée par l’inspecteur Maitrias, aujourd’hui muté dans un commissariat plus réputé de la capitale.

Trois ans déjà. Et il avait fallu attendre tout ce temps pour qu’un procès s’ouvre enfin. Les procédures étaient lentes mais paradoxalement, ça laissait peu de temps aux avocats pour trouver la faille qui ferait libérer leur client. Ils savaient pertinemment que même s’ils parvenaient à faire sortie Eric Delanne de prison, sa vie serait à jamais bouleversée. Il avait avoué la torture, le viol puis le meurtre de l’adolescente, et s’était rétracté quelques temps après.

Et toujours les mêmes questions. Pourquoi soudainement clamer l’innocence ? Et s’il était réellement innocent, pourquoi s’être rendu coupable de ce crime atroce ?

Devant les démarches répétitives des avocats de Delanne, le procureur n’avait rien à redire sur l’instruction. Sauf ce jour où on lui apporta un indice prouvant que quelqu’un d’autre avait pu assassiner la jeune fille. Une trace ADN qui n’avait jamais été exploitée. Afin de permettre un complément d’enquête, le procureur repoussa le procès.

Gregory Fouksman, jeune inspecteur en service depuis peu dans la région, hérita du dossier Guillot. A peine eut-il ouvert le dossier qu’il conclut que jamais une enquête n’avait été aussi vite bâclée. Pourtant, elle avait été investie par un routard du crime.

Il découvrit notamment que Delanne avait été arrêté et écroué avant même que les résultats de l’autopsie soit connus. Résultats qui se perdirent d’ailleurs dans la nature avant de reparaître comme par enchantement dans un dossier où il n’avait pas sa place.

Fouksman lut le rapport d’autopsie avec attention, se demandant à chaque mot pourquoi il s’était perdu ? Est-ce parce qu’à l’époque on avait compris que l’on commettait une erreur et qu’il était plus simple de perdre un dossier pour faire aller les preuves dans un sens bien particulier ? L’inspecteur Maitrias était très respecté mais était-ce une raison ? Probablement oui, pour ne pas avoir à dire qu’il avait pris cette affaire à la légère. Seulement voilà, il arrive toujours que le caniveau déborde si on ne nettoie pas la merde qui l’engorge.

Mélissa Guillot était morte des suites d’une hémorragie cérébrale apparemment causé par le coup à la tête. Coup qui aurait été porté à l’aide d’un manche de pioche ou de pelle. Le médecin avait d’ailleurs trouvé des débris de bois incrustés dans la peau et le cerveau de la victime.

Avant cela, elle avait été brûlée à plusieurs endroits avec une ou plusieurs cigarettes. Si Maitrias s’était penché sur ce rapport, il en aurait déduit qu’il y avait plus d’une personne présente autour de ce meurtre. Il aurait même pu faire faire des analyses plus poussées pour déterminer quelques marques de cigarettes il s’agissait.

Fouksman se pencha sur ces brûlures. Thorax, seins, hanches, sexe, cuisses, fesses. Il s’agissait bien là de tortures.

Le rapport disait aussi qu’elle avait été lacérée à plusieurs endroits. Là encore, une preuve évidente qu’il y avait plusieurs personnes présentes : les incisions étaient différentes et pouvaient être regroupées en trois catégories en fonction de leur profondeur et de leur taille. Probablement dues à la puissance et au machiavélisme de chacun des suspects. Cela pouvait donc signifier qu’il y avait au moins trois personnes. Fouksman pensa qu’il pouvait il y avoir une quatrième personne, celle qui montait la garde.

Encore une fois, ces lacérations montraient un machiavélisme sans faille. Comme si les assassins prenaient plaisir à faire du mal. Un des tétons de Mélissa avait été sectionné et son sein gauche avait été profondément coupé en suivant la courbe régulière depuis sa naissance jusque vers les côtes. Hanches, cuisses, mollets, ventre, bras, dos, joues, rien ne lui avait été épargné. Même le sexe fut tailladé à plusieurs endroits.

Les descriptions du rapport étaient si précises que ça enlevait presque le côté barbare de l’acte. Du moins, Fouksman s’en détachait facilement même s’il voyait bien là l’acte d’un monstre, voire de trois monstres qui auraient complètement été déconnectés de la réalité durant leurs atrocités.

Les marques de strangulation autour du cou de Mélissa concluaient que celui ou celle qui avait fait cela portait des gants. Après analyse, on pouvait supposer qu’il s’agissait d’un homme, plutôt fort avec de grosses mains, apparemment droitier.

Le rapport émettait l’hypothèse que la plupart des lacérations avaient été faites post mortem mais pour certaines d’entre elles, ce n’était pas le cas. Les assassins auraient donc fait souffrir pour le plaisir de faire souffrir ? Alors pourquoi continuer à massacrer cette pauvre gamine après qu’elle soit morte ?

On avait retrouvé des cheveux sur la victime. Ils appartenaient à Eric Delanne, ce qui l’avait accablé devant le juge quand il s’était fait arrêter. Cela dit, on avait retrouvé un autre poil qui ne lui appartenait pas. La commune devait compter près de 10 000 hommes et à supposer qu’il pouvait il y avoir une femme dans le lot, il fallait presque doubler ce chiffre. Maintenant, on ne parlait que du voisinage : il ne fallait pas exclure des gens de passage, venant de communes alentour, donc près de 500 000 personnes à contrôler. Fouksman avait-il les moyens de mettre en œuvre une opération aussi vaste ? Il doutait qu’on lui donnerait ce feu vert là.

Ce poil confirmerait qu’on pouvait envisager la présence d’autres suspects.

Et justement, que savait-il de ce côté-là ?

Il avait la preuve que la première enquête avait été plus que mal menée, grâce au rapport d’autopsie. Il était quasiment évident qu’Eric Delanne, s’il était coupable n’était pas seul le soir du drame. L’hypothèse qu’il soit innocent n’était pas à exclure.

Fouksman décida alors d’aller lui parler et de convoquer l’autre témoin de la scène. Celui qui conduisit Maitrias chez Delanne.

 

Eric Delanne attendait patiemment, assis à la table d’une salle de la prison. Son avocat lui donnait les dernières directives, histoire de ne pas alimenter un dossier déjà bien chargé à son encontre. Fouksman fut conduit à eux par un gardien. Il salua le détenu et son avocat et prit alors une décision inhabituelle. Sans l’ombre d’une preuve, il décida que Delanne n’avait strictement rien à voir avec ce meurtre. Il n’en dit rien bien évidemment. Mais il dirigea son interrogatoire dans ce sens avec la plus grande sincérité. Peut-être que ça allait payer.

– On a retrouvé un de vos cheveux sur la victime, commença Fouksman. D’après l’analyse, il s’agirait d’un cheveu fraîchement coupé. Vous étiez allé chez le coiffeur le jour-même ou peu de temps avant ?

Eric et son avocat se regardèrent. Eric ne questionnait pas son avocat du regard, il ne sollicitait pas son aide afin de déterminer s’il allait répondre ou garder le silence. Non, ils se regardaient, muets de stupéfaction.

– La veille, dit Eric. J’y étais allé la veille.

– Même après une bonne douche ou deux, il en reste toujours sur la peau ou même sur les vêtements. Vous ne contestez pas le fait que vous avez vu Mélissa Guillot le soir du meurtre alors il se peut que ce cheveu soit tombé sur elle. Mais alors, pourquoi avoir reconnu les faits ? Pourquoi être revenu sur vos déclarations ?

– Vous savez comme nous comment se passent les gardes à vue, inspecteur, intervint l’avocat.

Fouksman sourit.

– Ils n’ont pas fait la garde à vue complète, ils n’ont pas eu à le forcer pour qu’il avoue ! Ce que je veux savoir, c’est ce qui s’est réellement passé dans cette voiture entre le parking du supermarché et chez cette fille. A moins qu’il l’ait laissée ailleurs ?

Eric regarda Fouksman attentivement. Ce qu’il venait de dire l’interpellait. Fouksman était intelligent et fouillait tout ; tout ce qui pouvait constituer une zone d’ombre.

– Vous n’avez pas fait ce dont on vous accuse, lâcha Fouksman. N’est-ce pas ? Mais alors comment se fait-il que Mélissa Guillot ne soit jamais arrivé chez elle ?

– Elle m’a demandé de la laisser partir, répondit Eric détournant la tête.

L’avocat ne dit rien mais son comportement et le regard qu’il lança à son client fit comprendre à Fouksman qu’il ignorait pas mal de chose de cette affaire et que lui-même ne s’était pas posé autant de questions.

L’inspecteur laissa Eric continuer mais comme celui-ci gardait le silence, il insista :

– Qu’est-ce que vous pouvez nous dire qui soit plus atroce que ce qu’elle a subi ? Dites-nous ce qui s’est passé dans cette voiture !

– Je… Je… Je l’ai touchée... J’ai pas pu résister ! Et… J’ai voulu la… J’ai voulu lui… Elle a hurlé et m’a demandé de la laisser descendre.

Le silence se fit lourd tout d’un coup. Fouksman comprenait la honte de Delanne mais de là à risquer sa vie pour un crime qu’il n’avait pas commis…

– J’avais honte, continua Delanne. Quand j’ai appris ce qui lui était arrivé, je me suis dit que si je n’avais pas eu ce geste déplacé, je l’aurai amenée jusque chez elle et elle serait en vie aujourd’hui.

– Peut-être, peut-être pas, dit Fouksman, on n’en saura jamais rien de toute façon. Quand  vous l’avez déposée, avez-vous croisé quelqu’un ou une voiture en repartant.

Eric réfléchit quelques instants, fouillant sa mémoire, ouvrant les tiroirs d’il y avait trois ans maintenant. Le visage de Mélissa, ce visage d’ange, sortait de tous les tiroirs même s’il n’y avait rien d’autre à l’intérieur.

– Oui… Je me souviens qu’il y avait un van. Enfin, une camionnette, genre Boxer, vous voyez ?

– Quelle couleur ? Des signes particuliers ?

– Il était blanc, cabossé de partout et rouillé.

– Rien vu d’autre ?

– Je ne me souviens pas. Je me rappelle de ce camion parce qu’il roulait bizarrement, en faisant des zigzags sur la route. J’ai dû faire des appels de phares pour signaler que j’étais là. Mais j’ai sûrement croisé d’autres voitures ! Cet axe est assez fréquenté, même la nuit.

– C’est peut-être rien mais c’est une piste. Au cas où les choses se préciseraient et que la mémoire vous reviendrait, faites en part à votre avocat qui se fera un plaisir de me contacter ! s’exclama Fouksman en se levant.

Il sortit sans lui adresser le moindre regard. Rien que l’attouchement aurait mérité une peine mais trois ans de prison pour un crime qu’il n’avait pas commis était déjà une lourde sanction. Quelque part, il comprenait ce que s’infligeait Delanne. Mais cette erreur allait le suivre toute sa vie et serait peut-être pire que s’il avait vraiment mérité ce châtiment.

Avant d’aller trouver le seul témoin de l’affaire, Fouksman voulait parler au propriétaire de la pizzeria en face du parking du supermarché. Il se rappelait que dans la déposition de Delanne, après ses aveux plus ou moins vrais, il avait parlé d’une bande de jeunes ivres sortant de la pizzeria. En étant ivre, on pouvait être assez déconnecté pour tomber dans l’horreur absolue. Il devait rechercher ces jeunes, d’autant que d’après le rapport d’autopsie, il n’y avait pas qu’une seule personne ce soir-là.

La pizzeria était fermée quand il arriva. Mais il vit du mouvement à l’intérieur. Il frappa donc à la porte et la jeune femme en train de passer sa serpillière lui indiqua qu’il n’était pas l’heure d’ouvrir. Il fallait donc sortir les gros arguments et Fouksman frappa une nouvelle fois à la vitre tout en montrant son insigne, une sorte de passe-partout amélioré qui pouvait vous ouvrir toutes les portes closes.

La jeune femme se ravisa et vint entrebâiller la porte.

– Vous êtes la propriétaire ? demanda l’inspecteur.

– Vous avez déjà vu un proprio passer la serpillière dans son restaurant ?

– Mon père tenait un bar et tous les soirs avant de fermer, il passait son éponge sur son comptoir et sa serpillière, oui. Je veux voir le propriétaire.

– Y a eu une plainte ou quoi ?

– Rien de tout ça.

Après une courte hésitation, elle ouvrit la porte en grand et laissa entrer Fouksman. La jeune femme disparut derrière une porte marquée « Privé » et quelques secondes après une sorte de bibendum sortit par cette même porte.

– Que puis-je pour vous ? demanda-t-il à l’inspecteur en lui serrant la main.

– Vous êtes le propriétaire ?

– Louis, le pizzaiolo, comme on dit.

– Vous êtes là depuis quand, Louis ?

– Oula ! Je ne sais pas, un bail.

– Plus de trois ans ?

– Largement, oui, pourquoi ?

– J’ai besoin que vous fassiez appel à votre mémoire, Louis.

Fouksman prit une chaise retournée sur une table et s’assit. Louis l’accompagna.

– Que voulez-vous savoir ? demanda Louis.

– Vous connaissez Mélissa Guillot ?

– Qui n’en a pas entendu parler ? La pauvre gamine ! Enfin, disons que je ne la connaissais pas personnellement.

– Le soir où elle est morte, rappelez-vous… vous aviez trois clients. Trois jeunes, ivres, ils sont sortis en même temps que Mélissa était sur le parking.

Louis sembla réfléchir un instant. A moins que ce regard ne soit autre que de la méfiance.

– Pourquoi demandez-vous cela ? Je croyais que le coupable avait été arrêté.

– En effet, il est sous les verrous actuellement mais le procureur demande un complément d’enquête et ces trois jeunes font partie de ce complément. Vous seriez bien aimable de me dire ce que vous savez de ces personnes.

Faire appel au sens civique fonctionnait toujours. Du moins Fouksman pensait surtout que ces gens-là ne pourraient vivre en sachant qu’ils avaient peut-être dans leur entourage des assassins alors qu’ils pouvaient faire quelque chose pour les arrêter.

– Ce sont des habitués, commença Louis. Ils sont gentils, pas du genre à violer et tuer.

– Vous savez où on peut les trouver ? demanda l’inspecteur sans prêter attention à la protection dont le pizzaiolo faisait preuve.

– Je ne vais pas vous donner l’adresse des clients tout de même ! protesta Louis.

– Je crois que si, sinon, il y a entrave à la justice, Louis. Ça serait dommage. Une très mauvaise pub quand on saura qu’il y a un complément d’enquête demandé sur l’affaire Guillot et que le pizzaiolo a été interrogé. Vous ne croyez pas ?

Au delà de l’aspect civique, il y avait aussi un aspect plus personnel à prendre en considération. Personne ne souhaiterait faire face à des rumeurs aussi accablantes.

Louis baissa la tête en serrant les dents. S’il avait pu grogner comme un chien en colère, il l’aurait fait ; Fouksman en était persuadé. Au lieu de ça, il se leva pour disparaître derrière la porte qui cachait cet espace privé et revint quelques minutes après. Sur un morceau de papier qu’il tendait à l’inspecteur, il y avait deux adresses inscrites.

– Je n’ai que ces adresses là. Apparemment, le troisième larron allait chez l’un ou l’autre de ses potes.

– Je vous remercie, Louis, dit Fouksman en ramassant le papier et se levant.

– Dites, l’interpella Louis. Le type en prison n’est pas le bon coupable ?

– C’est pour le confirmer qu’il y a un complément d’enquête, mentit Fouksman qui pensait de plus en plus que Delanne était innocent.

 

La première adresse fournie par Louis avait plus l’air d’un squat que d’un immeuble. Fouksman apprit une nouvelle fois qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Si l’extérieur était délabré, l’intérieur avait dû être refait à neuf récemment. On sentait encore la peinture fraîche. Il prit l’ascenseur pour se rendre au quatrième étage. Il était inconcevable d’imaginer que le pizzaiolo était resté assis à son bureau, les bras croisés après le départ du flic. Il avait à coup sûr prévenu cet « habitué de la pizza ». C’était pour cela que Fouksman restait sur ses gardes.

Quand il frappa à l’appartement du dénommé Billy, la porte était déjà ouverte.

Et Billy a pris la tangente ? se dit Fouksman.

Au contraire, le jeune homme était là et proposa au policier de rentrer. Billy était de toute première fraîcheur. Il sortait à peine de la douche et ne s’était pas assez bien essuyé à en juger les auréoles de flotte sur son t-shirt et son jeans.

– On m’a dit que vous alliez venir, dit-il.

– Je m’en doutais, figure-toi, dit Fouksman, debout au milieu du couloir, les mains dans les poches.

Il reniflait l’air et Billy fit la grimace.

– J’aime bien l’herbe de Provence sur une côte de porc, dit Fouksman. Mais j’ai pas l’impression que tu faisais la cuisine.

Billy tentait d’échapper au regard du flic qui semblait s’en amuser.

– Je ne suis pas là pour ça, dit l’inspecteur en faisant quelques pas.

– Vous voulez une bière ? demanda subitement Billy. J’en ai au frais.

– Pas pour moi, merci.

– Je… je peux en prendre une ?

– Si ça peut t’aider te détendre !

Billy acquiesça et ouvrit son frigo miteux pour prendre sa bière. Il invita Fouksman à s’asseoir. Le canapé était bouffé de partout et dessus, on avait posé une vieille couverture rongée par les mites et qui sentait tout un tas de relents de vomi, de pisse et d’on ne savait quoi d’autre encore. Alors l’inspecteur opta pour un fauteuil qui semblait plus net et qui, de surcroît était plus proche de la sortie, pour le cas où le jeune Billy aurait voulu tailler la route. Ce dernier s’assit justement sur le canapé. Fouksman se disait qu’il n’avait plus d’odorat pour ne pas sentir cette puanteur ; il ne pouvait en être autrement.

– On a dû te dire pourquoi je venais, alors ? demanda Fouksman.

Billy acquiesça une nouvelle fois. En fait, ça ressemblait plus à des tremblements.

– Qu’as-tu à dire ? insista l’inspecteur.

– On n’a rien fait ! dit Billy précipitamment. Je me souviens, on avait pas mal bu, on est sorti et on a un peu déliré. Je ne sais pas ce qu’on disait mais c’est vrai que cette gamine était plutôt bien roulée.

– Et elle a été tuée, alors un peu de respect.

Billy baissa la tête aussitôt comme le ferait un chien après avoir commis sa connerie.

– Tu as autre chose à me dire ?

Billy hocha la tête.

– Tu n’as rien vu ? Ni toi ni tes potes ?

– Non, rien. On l’a vue partir avec ce type et c’est qu’après qu’on a entendu dire qu’elle avait été tuée.

Il semblait de bonne foi. Fouksman sentait la peur environnante au delà de la pisse et du vomi. Ce Billy était peut-être un crade mais il était sincère. Non pas qu’il ait espéré que cette bande d’ivrognes était responsable de la mort de Mélissa, mais il y avait quand même pensé en sortant de chez le pizzaiolo.

Il repartait à zéro. Il lui restait encore à voir le témoin qui disait avoir aperçu Mélissa monter avec Delanne pour repartir. Il ne savait pas ce que ce témoin aurait à lui dire mais il devait tenter sa chance. Après quoi il irait voir la famille de la victime. Ça ne l’enchantait pas de remuer cette affaire et peut-être bien que le vieux témoin, celui qui n’avait sûrement rien d’intéressant à dire, était comme une ultime cabriole pour repousser les échéances.

 

 

 


Publié dans Le coin lecture

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