Démons (extrait)

Publié le par David Branger

 

Démons, c’est le point de départ de tout. Ça a été la toute première nouvelle fantastique que j’ai su écrire. Ça a été la nouvelle qui a le plus inspiré David. C’est également celle qui lui a donné le plus de temps de travail. Bref ! Une pièce symphonique dans toute sa splendeur, avec des teintes à la Danny Elfman, pour ceux qui connaissent. Ça vole dans tous les sens, ça virevolte, un voyage magnifique.

La pièce majeure de cet ouvrage.




* * * * * * * * * *

 

 

 

Extrait de la nouvelle :

 

 

Parce qu’une apparence cache toujours son contraire…

 

 

La première fois, il ne sut dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.

Aujourd'hui, il avait encore des doutes à ce sujet. Par contre, aucun doute sur le fait que sa vision des choses avait changé du tout au tout.

 

Mais pour en revenir à... ça... Comment pourrait-il l'appeler ? Il ne connaissait pas son nom, encore moins son prénom, du moins pas son vrai prénom. Il l'avait appelée Jessica, réglant du même coup la question du sexe. Il ne savait rien sur elle. Il se souvint que la première fois où il l'avait vue, il pensa à ces personnages des dessins animés japonais, plus communément appelés les mangas animés. La plupart de ces personnages n'étaient pas forcément efféminés mais leur morphologie était ambiguë : toujours avec des tailles fines, des yeux en amandes, des cheveux longs et fins et des statures très droites. Même au niveau du dessin, il était difficile de savoir si l'on regardait un homme ou une femme. Et le caractère était du même acabit : énigmatique, sombre, torturé. Il voyait souvent cela dans les mangas. Les personnages se ressemblaient sans pour autant plonger dans le déjà-vu.

Herb, comme l'appelaient le plus souvent ses amis, ne pensait pas pouvoir tomber sur un « phénomène » pareil. Pourtant, force était de constater que si. C'était un soir, à la sortie d'un bar où il avait bu juste un verre, comme ça, pour passer le temps. Il n'était pas du genre à se saouler. Il aimait simplement prendre un verre de temps à autre.

Il avait décidé que l'inconnue qui l'avait abordé serait une femme certainement parce qu'il avait flashé sur elle. Dans la lumière tamisée du bar, il avait cru reconnaître une sorte de lueur émanant de cette personne. Il mit cela sur le compte de l'alcool qu'il avait ingurgité. Et puis les yeux de cette femme l'avaient complètement subjugué. Il ne fit pas attention au reste. Il ne remarqua même pas les habits qu'elle portait. Habits qui passeraient comme étranges pour le commun des mortels. Elle avait une sorte de tailleur noir mettant en évidence une ligne fine et élancée. Sa veste, à demi ouverte, laissait voir une chemise d'un blanc immaculé. Il avait quand même vu cette chevelure parfaitement lisse et noire, longs cheveux de soie qui voletaient à chaque pas qu'elle faisait d'une manière sensuelle. Il  ne se rappela que bien plus tard, quand il se retrouva seul chez lui, que la jeune femme aurait été qualifiée de « plate comme une limande » par le plus respectueux de ses meilleurs amis. En somme, c'était une allumeuse. Elle le savait et s'en servait à merveille sans le moindre effort.

Elle s'assit à côté de lui et sourit. Herb était presque bouche bée, aveuglé par sa beauté, son teint parfait, sa peau parfaite. Elle commanda un verre. Il ne sut quoi dire. Il ne faisait plus attention aux bruits qui l'entouraient, y compris à ce qu'elle pouvait dire.

Il reprit ses esprits quand une voix intérieure lui fit remarquer qu'il était prêt à se baver dessus. Il se sentit gêné et elle le remarqua. Elle se tourna alors vers lui pour lui adresser un nouveau sourire.

– Vous m'avez l'air sympathique, lâcha-t-elle.

Herb ne sut quoi répondre. Son regard s'était une nouvelle fois noyé dans le sien. Il se demanda même ce que « sympathique » voulait dire.

– Merci.

C'était tout ce que son cerveau avait trouvé en réserve. Il pensa que c'était bien minable.

– Allez ! Lâchez-vous un peu ! Je ne vais pas vous manger ! continua-t-elle. En fait, ce n'est pas la première fois que je vous vois ici.

– Ah ? s'étonna Herb. Moi si. Pourtant je viens assez souvent mais je ne vous ai jamais vue.

– Je ne traîne jamais vers le bar. Je préfère les tables à l'écart, dans la pénombre.

– Pour plus d'intimité ?

– Pas vraiment.

Elle sourit une fois de plus et Herb jugea qu'elle avait un très beau sourire. Un de ces sourires qui feraient fondre n'importe qui. Lui-même avait déjà fondu.

– Pourquoi vous préférez les tables ? demanda Herb sans se soucier de l'absurdité de la question.

– J'observe mieux de là-bas.

Elle se leva soudain et vida son verre d'un trait. Herb ne savait pas ce qu'elle avait pris mais il était sûr que ce n'était pas du lait. Il fut estomaqué de la voir s'enfiler le contenu comme ça. Quant à elle, elle fut amusée de l'expression qu'elle avait déclenchée sur la bouille d’Herb.

Elle fit volte face, faisant voler ses cheveux dans un ordre impeccable et disparut dans la foule de danseurs.

Herb ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Il ne réalisait pas la médiocrité de la conversation qu'il avait eue avec la créature de rêve. Une fille sublime lui était tombée du ciel et la seule chose qu'il put sortir fut un filet de bave. Sorti de sa transe, il eut envie de se mettre quelques claques. Au lieu de cela, il termina son verre (qui eut du mal à passer tout de même), se leva et sortit.

 

– Vous rentrez chez vous ? lui demanda une voix féminine.

Herb ne la reconnut pas tout de suite. En se tournant et en voyant qu'elle était là, adossée au mur, une cigarette à la main, il fut saisit de nouveau par une étrange impression. L'impression de perdre pied, de ne plus être dans le monde réel. Il ne pouvait rien dire, rien faire. Il la trouvait absolument magnifique et sensuelle alors que le doute sur le sexe de cette personne refaisait surface. Serait-il en train de tomber amoureux d'un travelo ? Il fit taire la petite voix, qui commençait à brailler qu'il s'agissait d'un homme en face de lui, en lui disant que c'était bien une femme, sans beaucoup de poitrine, pour ne pas dire sans poitrine du tout, mais une femme quand même. Ses autres formes suffisaient à le prouver.

– En effet. Je dois me lever tôt demain, répondit Herb.

Il pensa le temps d'une demie seconde à lui demander si elle avait besoin qu'on la raccompagne. Elle prit les devants.

– Je peux vous demander un service ? demanda-t-elle, quelque peu gênée et avec un regard presque implorant.

– Si je peux vous aider, pourquoi pas.

Elle s'avança vers Herb, toujours aussi gracieusement. Elle semblait flotter dans l'air. Elle regarda autour d'elle comme pour vérifier s'ils n'étaient pas surveillés.

– Voilà, vous m'inspirez confiance, c'est pour ça que je vous demande, sinon, je ne le ferais pas, il y a pas mal de désaxés qui traînent par ici le soir.

Herb haussa les épaules. C'était vrai qu'il y avait des désaxés. Il y en avait partout de toute façon. Mais créature de rêve ou pas, il avait une réunion importante le lendemain matin et il lui fallait son quota de sommeil pour ne pas la planter. Surtout celle-la : c'était sa vie qu'il jouait.

– Accepteriez-vous de me raccompagner chez moi, s'il vous plaît ? Je suis toute seule et comprenez qu'une femme comme moi peut avoir des soucis, la nuit, dans les rues...



Extrait musical associé :

 

 

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